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Ciné Kritik

Ciné Kritik

"Le cinéma, c'est comme le sexe, quand c'est bien, c'est formidable, quand c'est pas bien, c'est pas mal quand même" George Cukor


Weird Science

Publié par David Blumenfeld sur 5 Avril 2017, 15:25pm

Weird Science

John Hughes occupe une place particulière dans le cinéma américain. Réalisateur acclamé des teen movies The Breakfast Club et de La folle journée de Ferris Bueller et de la comédie (dramatique) Un ticket pour deux, Hughes a toujours traité ses personnages avec tendresse, tout en les plaçant dans des situations difficiles (la journée de retenue de The Breakfast Club, le roadtrip dans Un ticket pour deux) et/ou extraordinaires ("la folle journée" de Ferris Bueller) afin qu'ils puissent se révéler et se dépasser. C'est le cas de la journée de retenue où 5 adolescents que tout opposent vont devoir apprendre à accepter la différence de l'autre pour sortir de leur cercle d'amis bien défini ou celle de Ferris Bueller, un adolescent narcissique qui va réellement comprendre la valeur de l'amitié en passant une journée à sécher les cours. Weird Science n'a pas connu la même reconnaissance que les films précédemment cités mais il reste très intéressant pour comprendre le style du réalisateur.

Weird Science est un film à concept, un film dont on pourrait résumer l'histoire en une simple phrase. Par exemple, on pourrait décrire Kick-ass (Matthew Vaughn, 2010) avec "C'est l'histoire d'un adolescent qui veut devenir un super-héros" ou Un jour sans fin (Harold Ramis, 1993) avec "C'est l'histoire d'un gars qui revit constamment le même jour". En bref, Weird Science c'est l'histoire de deux "geeks" qui galèrent à pécho et qui décident de créer la femme parfaite.

Les deux geeks sont Gary (Anthony Michael Hall) et Wyatt (Ilan Mitchell-Smith). Un soir, en regardant une vieille version de Frankenstein à la télé, ils décident de créer sur un ordinateur leur modèle de la femme idéale pour se moquer du concept du film qu'ils regardent. De fil en aiguille, ils se mettent à perfectionner leur modèle et par la force de l'éclair, le film nous crie "Ta gueule c'est de la science" et la "créature de rêve" apparait. Il la nomme Lisa et elle devient rapidement leur ange gardien en leur faisant découvrir la vie et en les poussant à faire face à leurs problèmes. Pour Gary, ce sont ses parents, pour Wyatt, c'est son frère (le très bon Bill Paxton), un jeune militaire qui le victimise cigare à la bouche et les deux vont apprendre à tenir tête aux deux cons qui les ridiculisent au lycée (dont un interprété par Robert Downey Jr, qui avait bien besoin d'un appareil dentaire à l'époque). Ce scénario est bien évidemment prétexte à une série de gags plus ou moins bien trouvés, et l'histoire se finit, comme on peut le prévoir sur un "tout va bien qui finit bien" où nos deux héros sont devenus les gars les plus cool du lycée.

Est-ce que Weird Science est pour autant prévisible ? Et bien non. Même si la structure narrative du film est assez classique pendant ses deux premiers actes consacrés à la création de la "femme de leurs rêves" et aux conséquences immédiates de leurs actes. Le film prend un tournant assez intéressant lors de son dernier acte et propose une réflexion intéressante sur le rôle et le destin de Lisa. On peut voir le film de Hughes comme une relecture plus légère de l'histoire de Frankenstein (film que Gary et Wyatt regardent au début du film). Lisa est une création d'apparence parfaite qui va impressionner les deux héros dans un premier temps mais qui va leur causer quelques ennuis ensuite. Cependant contrairement au destin tragique du héros de Mary Shelley, Weird Science propose une histoire où la "créature" s'efface après avoir rempli sa tâche, les deux amis étant prêt à affronter le "réel" avec plus de sérénité.

Est-ce que Weird Science est exempt de défauts ? Loin de là. Son histoire est par moment assez prévisible, certains acteurs ne sont pas toujours très justes et hormis quelques bonnes idées de mise en scène (les parallèles avec Frankenstein, les gros plans sur les lèvres, les meubles propulsés par la cheminé), le film est correctement réalisé mais manque un peu d'audace. L'écriture de Hughes est bonne mais ne dépasse jamais totalement son principe de départ, contrairement aux autres films du réalisateur précédemment cités, qui abordent leur matériau de base avec plus de finesse. Cependant, Hughes maitrise suffisamment le rythme de son film pour que l'on se marre beaucoup et qu'on ne s'ennuie que peu (voire pas). Par ailleurs, le film est un pur produit des années 1980, une décennie où les producteurs et les studios prenaient beaucoup plus de risques qu'aujourd'hui et laissaient suffisamment de liberté aux réalisateurs pour obtenir des films divertissants et originaux. Un film comme Weird Science ne pourrait probablement pas voir le jour aujourd'hui.

Enfin, la principale qualité de Weird Science est indéniablement son acteur principal Anthony Michael Hall. Comédien attitré des premiers films de John Hughes, il porte avec aisance le film, éclipsant ses deux partenaires à l'écran et transformant les vannes les plus faibles en bon moment de rires. Même si son personnage n'est pas aussi profond et touchant que dans The Breakfast Club, il demeure néanmoins très attachant dans Weird Science et très éloigné des stéréotypes qu'on attribue généralement à son personnage d'ado geek. Hall était au sommet de sa carrière à la fin des années 1980, si bien que Stanley Kubrick, fan de ses performances dans les films de John Hughes, le voulait dans le rôle principal du sergent Davis pour Full Metal Jacket (1987). Un rôle pour lequel Hall s'était préparé pendant des mois mais un rôle qu'il ne jouera finalement pas puisque son père (qui était accessoirement son agent) ne put trouver un accord financier avec Kubrick. Hall voulait à la fin de la décennie casser son image d'adolescent geek et Full Metal Jacket aurait pu être le rôle de sa vie. Il était l'acteur parfait pour incarner ce soldat tiraillé entre ses opinions pacifistes et les pulsions de violence auxquelles il est sujet au cours des combats de la guerre du Vietnam.  Et par conséquent, je vous conseille fortement de vous intéresser à la filmographie du bonhomme.

Weird Science (1985) : écrit et réalisé par John Hughes, avec Anthony Michael Hall, Ilan Mitchell-Smith, Kelly LeBrock, Bill Paxton et Robert Downey Jr

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